Barbara au Japon
バルバラ
Traditionnellement bien implantés au Japon depuis le début des années 50, les interprètes du genre "Chanson", à partir du milieu des sixties, sont supplantés par les yéyés, premiers représentants du courant musical qui deviendra plus tard la "French Pop".
A ce moment là, le public n'a d'yeux que pour Sylvie Vartan ou France Gall. Les interprètes de "Chanson" sont progressivement délaissés par les maisons de disques, à l'exception notoire de Juliette Gréco qui reste une star. Barbara est encore une inconnue.
C'est à l'influent critique musical Fumio Nagata 永田文夫 que Barbara doit une bonne part de sa notoriété. Il se souvient avoir été intrigué par une photo de Barbara à l'Ecluse en 1959, par laquelle elle était présentée comme "la deuxième Gréco". L'album de 1965 "Barbara chante Barbara" lui procure un véritable choc artistique.
"C'était aussi terrifiant que palpitant, aussi choquant que captivant. Une femme sursurrant sur l'amour et la mort, d'une voix aussi mystérieuse que l'atmosphère émanant du disque. Des chansons modernes qui ne ressemblaient en rien à ce qui s'était fait avant, mais qui conservaient cette poésie élégante, cette tradition française".
Usant de son influence, il persuade Philips Records de sortir l'album au Japon qui procède, toutefois sans enthousiasme, à une mise en place initiale de l'album chez les détaillants de 100 exemplaires seulement.
Adapté en Japonais, le titre " Il Pleut Sur Nantes " entre dans le répertoire de plusieurs chanteuses de Enka telles que Yukiko Shimazaki, Maeda Harumi, Chie Shioma et Tokiko Kato. D'autres chansons du répertoire de Barbara seront adaptées en japonais "Dis Quand Reviendras-tu", " Pierre " etc...
Sur la durée, "Barbara chante Barbara" se vend honorablement et devient l'album de référence pour les fans japonais (en 1975, il figure toujours au catalogue Philips Japan). Quelques albums suivront et seront édités entre 1967 et 1969.
1970
"L'aigle noir" est repris par Paul Mauriat* et Raymond Lefèvre*, les deux poids lourds français du marché du disque nippon, mais également par la star locale de musique Enka, Ryoko Moriyama* , dans son album live "Récital 71".
Le potentiel commercial de la chanson devenant évident , la visite de sa créatrice va s'imposer tout naturellement. Le lancement à grand renfort de publicité du premier "Tokyo International Popular Song Festival" (ou "Festival de Yamaha") en est l' occasion parfaite. L'évenement est retransmis sur la chaine TV Fuji, offrant une visibilité nationale à la chanteuse française.
Avec 37 pays participants, un festival de chansons populaires d'une ampleur sans précédent se tiendra enfin à Tokyo. Yamaha, qui diffuse de la musique aux quatre coins du monde en
promouvant l'idée que "les chansons sont notre langage commun" transformera ce vieux rêve en réalité.
En novembre, des mélomanes du monde entier seront réunis à Tokyo pendant trois jours .
Barbara se rend donc pour la première fois à Tokyo en tant qu' invitée d'honneur du festival, aux cotés notamment des Carpenters et de Jimmy Smith.
第1回東京国際歌謡音楽祭 (First Tokyo International Popular Song Festival)
Le Festival se déroule sur trois jours. Hors concours, un concert d'inauguration est offert aux spectateurs réunis dans l'enceinte du gigantesque Nipon Budokan. La prestation de Barbara a lieu le 21 novembre, elle partage l'affiche avec le chanteur italien Gianni Nazzaro qui, ce soir là, choisit d' interprèter "Lady Barbara".
Seule au piano, elle interprète." Nantes", "Soleil Noir" et bien-sûr " L'aigle noir ".
"Avec sa longue silhouette et son beau visage, elle a chanté avec intensité et les 10.000 spectateurs du Budokan lui ont réservé un triomphe."
Dès la fin de sa prestation, elle se rend au "Yiomuri Auditorium" pour le concert inaugural de l'association "Chansons et Moi", sponsorisé par IBM. Un miracle de timing rendu possible par la ponctualité légendaire des Japonais.
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